La morale
La
morale est l’ensemble des règles de conduite, de principes fondamentaux qui
doivent gouverner l’action des Hommes. Elle s’appuie sur la distinction des
valeurs comme le bien et le mal ; le juste et l’injuste. La morale ouvre
une action et finalité. La morale nous demande de nous interroger sur ce sur
quoi on doit vivre. Quel est le tout de cette essence ?
Certains
aspects de l’essence humaine peuvent rentrer en conflits avec la morale, comme
la technique (principalement une pratique qui ce soucis de la productivité sans
se soucier des tâches ingrates, pénibles) ou les échanges (avec la présence
d’intérêts personnels).
La
morale concerne aussi bien notre rapport avec les autres que notre rapport avec
nous-même. Qu’est-ce que bien ou mal agir ? La morale semble avoir une
signification pour tous mais elle n’a pas d’évidence. Y-a-t-il des règles
infaillibles qui permettent de décider de quoi faire à tout moment. Comment
expliquer les différences entre les morales particulières ? La morale ne
dépendrait pas de notre culture ? Ne pourrait-il pas y avoir une morale
universelle ?
I.
Morale et liberté
Selon
Socrate, « nul n’est méchant volontairement ». Pour Socrate, les
Hommes commettent le mal par ignorance de ce qu’est le bien.
Selon
Platon, si tous les Hommes connaissaient le bien il ne commettraient pas le
mal. Cette formule met à mal l’idée de responsabilité ; pour qu’un homme
puisse être responsable/ répondre de ses actes il faut qu’il puisse être
considéré comme leur auteur ; il faut avoir choisi délibérément. Il faut
supposer qu’ils connaissent la différence entre le bien et le mal. La morale
implique la liberté du sujet. Pour qu’une action puisse être jugée d’un point
de vue moral, pour que l’on puisse dire d’un sujet qu’il a bien ou mal agit, il
faut que le sujet ait choisi délibérément de commettre cette action.
L’indépendance et l’autonomie de la liberté sont aux fondements de l’action
morale.
D’un
autre côté on peut se dire que l’Homme est déterminé par de multiples facteurs
qui lui échappent. Ses actes sont la conséquence de causes que même parfois il
ignore. Spinoza dit que « les Hommes sont conscients de leurs actions mais
ils ignorent les véritables motifs qui les déterminent ».
L’Homme
subit de multiples déterminismes ; c’est un principe selon lequel les
phénomènes s’enchainent selon des liens de causes à effets absolument
nécessaires et prévisibles. L’Homme dans les faits n’est pas libre et pourtant
on doit nécessairement supposer qu’il est libre pour qu’il y ait une morale. La
liberté selon Kant c’est ainsi un postulat indispensable (ce qui est exigé par
le raisonnement). C’est une idée de la raison absolument indispensable pour
pouvoir fonder la possibilité d’une morale. Pour que l’Homme agisse moralement
il faut qu’il puisse être considéré comme la cause de ses comportements. Pour
Kant il y a un mal radical enraciné en l’humanité ; il constitue une
perversion de la volonté. Pour agir moralement, l’Homme doit lutter contre ce
penchant. Il n’aurait aucun mérite à choisir le bien si ce penchant n’existait
pas. Est-ce que ces valeurs du bien et du mal ne sont pas relatives ?
II.
Morale close et morale ouverte
Bergson
distingue la morale close et la morale ouverte. La morale close correspond à la
morale d’un groupe donné qui est fondé sur la tendance naturelle des Hommes à
se rapprocher de ceux qui leur ressemblent. Selon lui, nous aimons ainsi
spontanément et directement nos parents et nos concitoyens. Cette morale est
fondée sur la nécessité d’une cohésion communautaire et sociale. Cette cohésion
est avant tout liée au besoin de se défendre contre les Hommes des autres
sociétés. Cette morale est adoptée de façon irréfléchie, immédiate, par
conformisme. La morale ouverte implique un amour désintéressé et universel de
l’humanité ; cela dépasse la simple proximité avec le parent, le voisin,
le concitoyen. Mais ct amour résulte d’un détour et d’un acquis. Cet amour
n’est pas donné d’emblée ; il nécessite le recours à une dimension qui
dépasse les différences entre les Hommes. Référence à Dieu, pour dicter l’amour
du prochain. Transcendance divine à l’origine des fondements moraux. La
religion leur propose un modèle universel d’identification qui leur permet de
se rapprocher les uns des autres. Même dans le cas de religion monothéiste il
peut arriver que la morale close resurgisse.
III.
Le devoir
C’est
un principe qui impose une obligation que la volonté est tenue de respecter. Le
devoir constitue une obligation et non pas une contrainte ; autrement dit
nous choisissons librement d’agir conformément au devoir, nous ne sommes pas
forcés de la faire. Le devoir moral est indissociable d’une volonté libre.
L’article défini « le » implique que c’est un même devoir qui
s’impose à tous quelque soit sa condition. Il est universel. Comment se manifeste
cette obligation ? Comment savons-nous ce que nous devons faire ?
C’est la conscience morale qui nous fait connaître notre devoir ; ainsi
selon Rousseau « il est au fond de nos âmes un principe inné de justice et
de vertu sur lequel, malgré nos propres maximes, nous jugeons nos actions et
celles d’autrui comme bonnes ou mauvaises et c’est à ce principe que je donne
le nom de conscience ». La vertu c’est l’excellence morale. Elle nous fait
connaître le devoir comme une obligation qui nous dépasse et qui est universelle.
L’expérience du devoir peut prendre une autre forme : notamment la forme
d’un conflit entre nos désirs, nos sentiments et la raison. Pour Kant, le
devoir n’est pas un sentiment, il est exprimé par la raison. « Chaque
Homme trouve en sa raison l’idée de devoir et tremble lorsqu’il entend sa voix
d’airain, pour peut que s’éveille en lui des penchants qui lui donne la
tentation de l’enfreindre ». Pour Kant, le devoir prend la forme d’un
impératif catégorique. Donc le devoir, dans la mesure où il est issu de la
raison et où il est universel, s’impose à tous sans restriction et sans
condition. Ce n’est pas un impératif hypothétique (soumis à une condition).
« Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même
temps qu’elle devienne une loi universelle ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire