mardi 10 juin 2014

Chapitre 8 Ses

Chapitre 8 : La conflictualité sociale : pathologie, facteur de cohésion ou moteur du changement social ?


Introduction :
Les révolutions, la lutte des classes (Marx), mai 1968, les mouvements de grèves, grève de la fin des sans-papiers, blocus lycéen, des manifestations contre une réforme des retraites…ce sont des conflits sociaux étudiés dans ce chapitre (pas de conflit individuel).
Conflit social : situation où les individus affrontent collectivement les institutions ou les groupes sociaux qu’ils considèrent comme responsables d’une injustice.

-       Comment saisir la diversité et les mutations des groupes sociaux dans le temps ?
-       Faut-il voir dans les conflits sociaux une pathologie de l’intégration/une déstructuration de la société, ou au contraire un facteur de cohésion social ?
-       Dans quelle mesure et de quelle manière les conflits sociaux contribuent-ils au changement social ? Ce peut-il qu’au contraire il le freine ?

I/Quels mutations les conflits sociaux ont-ils connu ?

A. La diversité des conflits sociaux

Les conflits sociaux sont très divers. Comment en rendre compte ? :
-       la diversité des groupes mobilisés : mobilisé c’est agir collectivement. À certains moment de l’histoire les groupes sociaux qui se sont mobilisés sont extrêmement divers : étudiants, ouvriers, parfois ensemble (mai 1968), les femmes (années 1970), les enseignants, les chauffeurs de taxi, les infirmières, les groupes hostiles à l’homosexualité, les catholiques, les sans-papiers, les malades du sida, etc.
-       la diversité des enjeux/objets : ces deux termes désignent ce sur quoi porte le conflit. Les conflits du travail d’un côté, et le reste de l’autre. Les conflits du travail son des conflits qui ont l’emploi en jeu : salaires, âge de la retraite => droits sociaux accordés au travail, licenciements, temps de travail, etc. Il y a d’autres enjeux que le travail : environnement, droits de la famille et mariage pour tous, droits de l’Homme, égalité entre hommes et femmes, égalité entre « blancs » et « noirs », etc.
-       La diversité des formes et techniques de protestations/ répertoires d’action : grèves, émeutes, pétitions, boycott, immolation, blocus, manifestation, die in, sit in, action médiatique, etc.
-       La diversité des formes d’organisation : les mobilisations peuvent être plus ou moins organisées : organisation plus ou moins informelle d’une émeute, à une manifestation bien organisée. Les organisations qui interviennent dans les conflits sociaux peuvent être les syndicats, les ONG, les coordinations (collectifs temporaires).




B. Les mutations des conflits sociaux

On va distinguer les mutations de long terme, des mutations de court terme (Charles Tilly).

1) Les conflits sociaux ont connu des transformations sur le long terme :
Jacqueries Paysannes : elles sont fréquentent et porte souvent sur le prix du pain, le montant des impôts (XVIIIe siècle). Sur le long terme on peut repérer quatre grandes mutations des conflits sociaux :
-       Une transformation du répertoire de l’action collective : (Charles Tilly) c’est l’ensemble des moyens utilisés par les groupes sociaux mobilisés pour protester. On est passé de l’émeute locale peu organisée, à des formes d’actions régulées (manifestations, grèves) nationales, simultanées dans plusieurs villes et organisées. Tilly met ça en rapport avec deux grandes transformations sociales : urbanisation et rôle croissant de l’État.
-       Une légitimation progressive : un droit à la contestation a été progressivement reconnu. 1789 : droit de résistance à l’oppression. 1864 : le droit de grève. 1884 : les syndicats sont autorisés. 1901 : reconnaissance d’un droit d’association. 1946 : le droit de grève devient constitutionnel (dans le préambule de la constitution). La contestation, la protestation collective devient légitime et fait désormais pleinement parti du répertoire collectif avec le vote.
-       Une institutionnalisation des conflits sociaux : progressivement la mise en place d’institutions ou de procédures ayant pour effet de réguler les conflits sociaux. La pleine reconnaissance d’interlocuteurs organisés (reconnaissance légal des syndicats en 1884 : loi Waldeck-Rousseau). L’État institue des négociations entre groupes sociaux susceptibles d’entrer en conflits (ex : entreprises et salariés). L’institutionnalisation concerne les conflits du travail.
-       Une pacification relative des conflits sociaux : sur le long terme la violence dans les manifestations a diminué. (Filleule/ Tartakowsky) Les actions violentes contre les biens ou personnes arrivent mais sont très rares (moins de 5%) dans les manifestations contemporaines. Cela contraste avec les Jacqueries du XVIIIe siècle par exemple. Trois explications : la transformation des répertoires => mobilisations de plus en plus organisées ; transformation des techniques de maintient de l’ordre => on est passé de techniques proches des techniques de guerre, à des techniques de mise à distance (gaz). La violence n’a pas disparu des conflits sociaux ; le nombre de décès des manifestants n’a pas évolué : 1872/1914 : 51 morts en 42 ans ; 1919/1989 : 118 morts en 70 ans.

2) Les mutations récentes :
(Touraine/Inglehart) Thèse des nouveaux mouvements sociaux : nous aurions connu une transformations des mouvements sociaux à partir du milieu de années 1970. Reflux des conflits du travail, essor de nouveaux mouvements sociaux (NMS). Nouveaux mouvements sociaux = nouveaux types de mobilisations collectives.
Nouveau parce qu’ils ont un autre enjeu que le travail (ex : mouvements féministes et écologistes). Un autre répertoire que la grève : manifestations, pétitions, coups d’éclat médiatiques. D’autres groupes sociaux que des groupes professionnels. D’autres types d’organisations que les syndicats ; des organisations plus souples. Les syndicats sont progressivement devenus des organisations massives et très organisées ; ils se sont démocratisés. Dans les années 1970 les conflits sociaux prennent d’autres formes : souvent des collectifs moins hiérarchisés que les syndicats et souvent temporaires : associations, coordination. Un engagement plus intermittent : dans le mouvement ouvrier on s’engage jeune et on s’engage pour la vie. On se syndique à 18 ou à 20 ans, c’est le résultat d’une socialisation familiale ou professionnel et on reste fidèle à son syndicat. Les nouvelles formes d’engagement sont moins durables.
Certes : il y a diversité des conflits sociaux ; recul du recours à la grève. Affaiblissement des organisations syndicales. Augmentation du chômage : accroît la peur de se mobiliser. Essor des emplois précaires.
Mais : Le travail reste le premier motif de manifestation en France.

II. Les conflits sociaux sont-ils un moment de rupture du lien social ?

Les conflits sociaux sont-ils le résultat d’une rupture du lien social ? D’un affaiblissement de la cohésion sociale ? De l’intégration sociale ?
Les conflits sociaux ont-ils pour effet une rupture du lien social ?

A. la fragilisation du lien social, facteur de conflit ?
1) Les théories traditionnelles :

Les premières théories qui cherchent à expliquer les conflits sociaux considèrent qu’ils sont une pathologie de l’intégration :


Zone de texte: ConflitZone de texte: Affaiblissement de 
la cohésion sociale



Pour Durkheim, les conflits sociaux proviennent d’un mauvais fonctionnement des instances qui assurent la cohésion sociale. Fin XIXe et début XXe : période durant laquelle les conflits du travail s’intensifient ; mouvement ouvrier prend de l’ampleur ; intensification des grèves ; parfois violent (présence de l’armée). Durkheim distingue deux types de lien social : sociétés traditionnelles = similitude = solidarité mécanique ; sociétés industrielles = complémentarité = solidarité organique (division du travail sociale ; DTS). En temps normal, lorsque la division du travail sociale fonctionne normalement, celle-ci assure la cohésion sociale. Dans certains cas, la DTS peut prendre des formes pathologiques : inverse de la santé, d’un état normal. Durkheim accuse la grande industrie d’être une forme d’activité économique poussant vers le conflit (lutte des classes).
ð Division normale du travail = cohésion sociale
ð Division pathologique du travail : conflit social

Park, un sociologue américain du début XXe siècle, à Chicago : croissance, et forte émigration intérieure, forte urbanisation. Park énonce le fait qu’en cas de changement social rapide on assiste à une désorganisation sociale ; les individus ce voit donc alors disponible pour des émeutes, ou des explosions de violences. Affaiblissement de la cohésion sociale facteur de la cohésion sociale.



2) Réfutations empiriques

Contrairement à ce que pensaient les premiers sociologues, les enquêtes sociologiques contemporaines montrent que ce sont les groupes les plus intégrés socialement qui se mobilisent le plus fréquemment. Exemple : les enseignants. À l’inverse, les groupes sociaux les moins intégrés socialement sont ceux dont la mobilisation est la plus rare ; les mobilisations de chômeurs sont rares.
Les conflits sont le résultats de mobilisations ; les mobilisations nécessitent des capitaux/des ressources : il est plus facile d’apporter du capital quand on est intégré.

B. Les conflits sociaux, facteur paradoxal de cohésion sociale
1) Les conflits peuvent contribuer à la cohésion sociale…

Sociologue allemand, Georg Simmel/ puis Coser : au delà du désordre temporaire qu’il crées, les conflits sociaux peuvent être un facteur de cohésion sociale. Les conflits engendrent des identités sociales (classe en soi/classe pour soi). Les conflits sociaux renforcent la solidarité interne des groupes mobilisés. Les conflits amènent les groupes mobilisés à participer à la société. Les conflits sociaux sont des exutoires des tensions sociales : les conflits sociaux révèlent des problèmes ; lorsqu’il aboutissent ils permettent la résolution de ces problèmes ce qui accroît la cohésion sociale (mai 1968).

2) Lorsqu’ils sont régulés.

a- Qu’est-ce que la régulation des conflits ?

-       Les conflits sociaux ne contribuent pas toujours à l’intégration sociale. Il faut donc se demander à quelles conditions les conflits sociaux jouent-ils le rôle que Simmel et Coser leur donne.
-       Les conflits contribuent à la cohésion sociale à condition qu’ils soient régulés. Dans le langue courant « réguler » signifie mettre des règles, organiser, contrôler. La régulation des conflits c’est l’ensemble des mécanismes sociologiques qui contribuent à encadrer et à contrôler le déroulement des conflit sociaux.
-       En France aujourd’hui les conflits sociaux sont globalement contrôlés (différence avec la Syrie par exemple). Comment réguler ?
ð Reconnaissance d’un droit à contester : contribue au caractère pacifiste.
ð Autolimitation de la violence de la part des protagonistes des conflits. Du côté de l’État une retenue dans le maintien de l’ordre ; du côté des manifestants aussi (service d’ordre).
ð Organisation des protagonistes (syndicats) : cela permet de canaliser les mécontentements ; cela permet aussi de fournir à l’adversaire un interlocuteur avec qui négocier (partenaire).
ð Procédure de déclanchement des conflits (ex : préavis de grève déposés par les syndicats au moins 5 jours avant la grève).
ð Négociations institutionnalisées : depuis 1982, les entreprises ont l’obligation légale d’organiser chaque années des négociations avec leurs salariés. Ce sont des négociations sur les point susceptibles de susciter des conflits.



b- Le rôle régulateur des syndicats :

Un syndicat est une organisation dont l’objectif est la défense d’intérêts professionnels communs. On peut distinguer deux types de syndicats : les confédérations (représente tous les métiers) et les syndicats sectoriels (représente des secteurs).
-       Les confédérations : coté salariés => CGT ; CFDT ; FO ; CGC ; CFTC / côté employeurs => MEDEF ; CGPME ; UPA. Il s’agit d’organisations multisectorielles.
-       Syndicats sectoriels : coté salariés => SNES ; FSU…/ côté employeurs => FNAT (taxi).       liliaghb
Il y a un très grand pluralisme syndical en France.
L’origine du syndicalisme c’est le monde ouvrier. Ils ont pour origine les coalitions ouvrières, c’est à dire des groupes d’ouvriers qui se rassemblent (dès le XVIIIe siècle). Il faut attendre 1884 pour que les syndicats deviennent légaux. Ils deviennent progressivement des institutions très importantes dans les démocraties occidentales. Ils sont en déclin depuis le milieu des années 1970 en France (voir doc 1) : le taux de syndicalisation s’effondre => il passe d’un quart de syndiqués en 1970 à moins de 7% de nos jours.
Les syndicats défendent collectivement et individuellement les salariés, dans les entreprises et à l’échelle nationale. On peut distinguer 6 modalités de se rôle de défense.
ð Par le biais des délégués syndicaux : représentants des salariés au niveau de l’entreprise : ils ont un rôle d’information.
ð En cas de conflit avec l’employeur, les syndicats défendent les intérêts des salariés.  Ce peut-être une défense individuelle (accompagnement dans un entretien avec l’employeur) ou collectivement (organisation de protestations : grèves, manifestations, pétitions…).
ð Les syndicats servent aussi à négocier. Ils constituent un interlocuteur avec qui négocier : lorsqu’un conflit éclate, ou pendant les négociations institutionnalisées. Un syndicat sert à faire la grève mais aussi à l’interrompre.                                
ð Les syndicats sont des acteurs du dialogue social : entre États, employeurs, et salariés. Conventions collectives : accords qui règlent les conditions de travail et de rémunération de l’ensemble des salariés (d’une branche, voire de l’ensemble des salariés tout court).
ð Les syndicats gèrent avec les employeurs un certain nombre d’institutions. Ils gèrent les caisses d’assurance maladie, les caisses d’assurance chômage, les caisses d’assurance retraites. Paritarisme : ce gère à deux : syndicats d’employeurs / syndicats de salariés.
ð Les syndicats siègent dans les tribunaux spécifiques qui règlent les conflits du travail : les prud’hommes. Ce sont des instances qui tranchent les litiges entre salariés et employeurs ; faute professionnelle ; accusation de discrimination…Les juges de cette instance proviennent des syndicats (à moitié syndicats d’employeurs, à moitié syndicats de salariés).
Les syndicats contribuent à la production du droit du travail. Ce sont des organisation qui organise les conflits du travail : ils les crées mais les régulent. 






III. Dans quelles mesures les conflits sociaux contribuent-ils au changement social ?

On parle de changement social à propos d’une transformation significative de la société ; c’est à dire une transformation de la structure sociale et/ou des institutions d’une société et/ou des normes et des valeurs (culture) d’une société et/ou des modes de vie. Dans quelles mesures les conflits sociaux contribuent-ils à ces changements ?

A/ Les conflits, facteurs de changement social

-       Les conflits sociaux sont parfois déclenchés par des groupes qui revendiquent des changements sociaux. Lorsque les groupes mobilisés obtiennent gain de cause cela engendre donc le changement social :
ð Instauration de nouveaux droits (DHC ; avortement ; droit de vote par les suffragettes ; reconnaissance pénibilité réforme des retraites).
ð Création de nouvelles institutions (changements de régimes politiques ; révolution française, printemps arabes).
ð Transformation de la structure sociale elle-même (révolution française, force du syndicalisme qui ressert les inégalités salariales pendant les 30 Glorieuses).
ð Contribution à la transformation des modes de vie (mai 68 : transformation de la famille, égalisation des rapports entre hommes et femmes, assouplissement du style éducatif).

-       Même quand ils ne sont pas victorieux ils sont facteur de changement social :
ð Transformations des représentation sociales : les sans-papiers
ð Quand un groupe se mobilise il se transforme : au début c’est un simple agrégat d’individus et deviennent un groupe avec un sentiment d’appartenance : classe ouvrière.
ð Des effets sur l’identité sociale de ceux qui se mobilisent.
Les mobilisation ont des effets sur l’individu et sur la société quelque soit l’issue.

B. Les conflits, frein au changement social ?

-       Ce sont d’abord les groupes mobilisés qui peuvent faire obstacle au changement social.
ð Il y a des mobilisations conservatrices ; des mobilisations dont l’objectif est d’obtenir un empêchement du changement social, pour empêcher un changement de la société.
             Ex : mobilisation contre le mariage pour tous.

ð Même dans des groupes sociaux qui revendiquent un changement social et qui sont conservateur dans leur organisation : progressiste dans les revendications et conservateurs dans leur organisation.
Ex : le syndicalisme sous représentés des femmes et des immigrés et son féministe.

-       Les autorités peuvent faire obstacle au changement social.
ð Les autorités ne donnent pas satisfaction aux groupes mobilisés. Ils font obstacle au changement.
ð Les manifestations tenant satisfaction sons rares. Elles débouchent sur des petites satisfactions.
ð L’État peut se servir des conflits sociaux pour conforter son pouvoir, pour étouffer les autres problèmes.
Ex : Les REDSCARES mobilisation contre les communistes aux USA, alimenter par le pouvoir/encourager par le pouvoir.



Conclusion :
ð Diversités et transformations des conflits sociaux dans le temps ;
ð Conflit et intégration : est-ce que les conflit peuvent être considéré comme le symptôme d’une société dont le lien social serait affaibli ;
ð De quelle manière les conflits contribuent au changement ? De quelle manière ls peuvent constituer des freins.
ð Syndicats.


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