Chapitre 4 : Comment analyser la
structure sociale ?
Une structure sociale c’est une différenciation
sociale. Qu’est-ce qui différencie les différents groupes sociaux ?
Qu’est-ce qui hiérarchise les groupes sociaux ? La structure sociale, ou
stratification sociale, désigne l’ensemble des différenciations et des
hiérarchies repérables dans une société donnée ; c’est l’ensemble des
groupes sociaux et l’ensemble des positions sociables repérables dans une
société donnée. Comment analyser la structure sociale ? Quels sont les
principaux critères de différenciation qui structurent la société française
contemporaine ? Quelle est la dynamique de la structure sociale ?
Comment a-t-elle évolué ?
I) Les
théories de la stratification sociale.
A. Deux
théories : Marx et Weber.
1. Vue
d’ensemble :
K. Marx (1818-1883) penseur allemand : c’est un
théoricien critique du capitalisme. Il est communiste et est pour une
révolution (« le manifeste du parti communiste », avec Engels,
1848 ; « le capital », tom1, 1867).
M. Weber (1864-1920) sociologue allemand : il
est considéré comme l’un des pères fondateurs de la sociologie. Il s’intéresse
aux conditions qui ont permit l’essor du capitalisme (« L’éthique
protestante et l’esprit du capitalisme », 1904-1905 ; « Économie
et société », 1921).
Période qui se caractérise par un profond
bouleversement des sociétés occidentales : sociétés traditionnelles =>
sociétés industrielles. Émergence d’un mouvement ouvrier : création de
syndicats, de partis politiques…Période de révolution.
Deux théories classiques et rivales de la
stratification sociales :
|
GROUPES SOCIAUX
CRITÈRE DE DIFFÉRENCIATION
RAPPORTS ENTRE GROUPES SOCIAUX
|
MARX
|
WEBER
|
|
CLASSES
(bourgeoisie, prolétariat)
POSITION DANS LA PROD°
(critère de différenciation
économique)
DOMINATION / LUTTE DES CLASSES : CONFLIT ÉCO
|
CLASSES
(groupes de statuts/ pouvoir)
PLUSIEURS CRITÈRES
(économique, prestige, pouvoir)
DOMINATION / CONFLITS MULTIPLES
|
2. la théorie
de Marx
a)
critère principal de différenciation
est économique
b)
la structure sociale
tant à se polariser
c)
les rapports entre les groupes sociaux sont marqués par un conflit principal «
une lutte des classes ».
a)
critère de différenciation
économique : la production de biens et de services engendre une
division de la société en classe sociale, chaque système économique engendre
les classes sociales* qui lui corresponde
*
ensemble d’individu qui occupe une même position dans la production, dans
l’activité économique. Ex : dans l’antiquité il y avait les esclaves et
les hommes libres (=classes sociales), ceux qui les différencie est leurs
positions dans la production ; Un esclave fourni du travail gratuit et
forcé pour un homme libre, l’homme libre ne travaille pas gratuitement.
A
l’époque contemporaine, deux groupes sociaux : bourgeoisie et prolétariat (=les patrons et les ouvriers),
un bourgeois est un individu propriétaire des moyens de production, ce qui
possède. Un prolétaire vend son travail. Pour Marx d’un coté il y a la
bourgeoisie et d’un autre le prolétariat : structure la société.
b)
La structure sociale tend
a se polariser : la polarisation désigne deux choses, un double
processus :
-
Des inégalités croissantes
un écart croissant entre les classes sociales, une distance hiérarchique
croissante. D ‘un coté les prolétaires avec des salaires qui restent bas,
pas loin du minimum de subsistance. De l’autre des bourgeois qui s’enrichissent
de plus en plus vite. Un écart croissant des revenus.
-
Disparition de ses groupes
intermédiaires : (ex : propriétaires fonciers et paysans
parcellaires, petite bourgeoisie artisanale. Certains de ces groupes vont
basculés dans le prolétariat comme les paysans parcellaires et les petits
artisans). Les groupes intermédiaires
basculent dans un des deux groupes bourgeoisie ou prolétariat.
c)
les groupes sociaux s’affrontent dans un conflit principal, la fameuse « lutte des classes » :
divergence d’intérêt économique entre bourgeois et prolétaire qui débouche en
un conflit politique généralisé.
Ca
peut être décrit en 3 temps :
-
origine du conflit
situation d’exploitation des prolétaires par la bourgeoisie, être propriétaire
des moyens de productions donne un pouvoir considérable sur les prolétaires, un
pouvoir dont la bourgeoisie abuse (abus de pouvoir économique, inégalités
injustes).
-
mobilisation des deux camps : pour ré équilibrer le rapport de force, les ouvriers
s’organisent et forment des coalitions ouvrières réprimées puis des syndicats,
et des partis politiques qui portent des programmes de transformations
sociales. La bourgeoisie elle aussi rassemble ses forces en sollicitant et en
obtenant les faveurs de l’Etat. La bourgeoisie finance les dettes publiques en
contrepartie d’un soutien. Les bourgeois
(= capitaliste, propriétaires des moyens de production).
- Le changement
social, la transformation de la société : ce conflit contribue
a la polarisation de la société et à un changement de la société.
Un groupe social : des
individus qui possèdent des caractéristiques sociologiques communes et qui
éprouve un sentiment d’appartenance à un groupe.
La caractéristique commune qui rassemble les membres
du groupe est le désir d’une identité commune.
3. Théorie
de Weber :
Elle se démarque de celle de Marx sur trois
points :
-
L’activité
économique n’est pas le seul critère de différenciation social ;
-
Les rapports
entre les groupes sociaux sont des rapports de compétitions plutôt que de
conflit ;
- La dynamique de la stratification sociale n’est pas
nécessairement une dynamique de polarisation.
a) L’activité économique n’est pas le seul critère de
différenciation social :
Comme pour Marx, Weber considère l’activité
économique comme un critère de différenciation sociale. Pour Weber comme pour
Marx, il existe des classes (ensemble d’individus qui occupe une même position
sur l’échelle des « chances d’accès aux biens »). Pour Weber, les classes
se distinguent les unes des autres par le montant de leurs revenus mais aussi
pas la nature de leurs revenus. On a d’un côté ceux qui tire des revenus d’un
patrimoine : les rentiers et propriétaires d’entreprises ; d’un
autre, ceux qui mettent en œuvre les moyens de production : les marchands
et les ouvriers.
Pour Weber, deux autres critères différencient les
individus : les prestiges et le pouvoir :
Ø Le prestige : « honneur social » ; « privilège
positif ou négatif de considération social ». Ces différences de prestige
repartissent les individus dans des groupes de statut. En haut de l’échelle de
prestige on a des groupes sociaux qui revendiquent avec succès un prestige
spécifique (ex : Aristocratie) et en bas on a les groupes sociaux stigmatisés.
Groupe de statut : castes indiennes : échelle de la pureté religieuse
(Brahmanes => Intouchables). Les Brahmanes ne constituent pas le groupe le
plus riche de la société, mais le groupe le plus pur. Les groupes de statut
sont moins nets dans les sociétés modernes : en haut les clubs de
gentlemen’s/les vieilles familles et qui sont connu des autres => cultive le
prestige de leur nom ; en bas les communauté d’immigration récente.
- Les groupes de statut repose sur un style de vie : ex : les normes vestimentaires
auxquelles il faut se soumettre si on veut être considéré comme un gentlemen.
- Ils posent des restrictions
aux relations sociales autorisées (ex) les stratégies de
fréquentation ; ne fréquenter que tels individus et ne pas en fréquenter
d’autres : ex : USA => seuls les habitants d’une même rue dans une
ville sont considérés comme « bonnes fréquentations »/les stratégies
matrimoniales : on oblige les enfants d’un certain groupe social à se
marier avec un individu du même groupe social : ex : rallyes.
- Les groupes de statut confèrent des privilèges : un accès exclusif à certains
biens ou à certaines opportunités : ex : droit exclusif de porter des
armes => noblesse de l’ancien régime (Épées). Signe visible du prestige.
-
Un groupe de statut donne à ses membres un sentiment de supériorité. C’est vrai pour les
groupes en haut de l’échelle, mais aussi pour certaines groupes méprisés qui
cultive une foi en leur groupe social : ex : juifs => idée du
peuple élu. Forme de fierté spécifique.
Ø Le pouvoir : tous les groupes sociaux n’ont pas les mêmes chances d’accès au pouvoir
=> groupes sociaux qui ont accès aux lieux de pouvoirs : ex : en
Grande Bretagne, aristocratie foncière au XIXe siècle représenté par les Tories
et la bourgeoisie financière par les Whigs. Certains groupes sociaux sont dotés
d’un accès facile au pouvoir. D’autres groupes sociaux sont écartés du
pouvoir : c’est le cas des ouvriers : ex : Grande Bretagne, il
faut attendre le XXe siècle pour que le parti travailliste représente les ouvriers.
Si on prolonge jusqu’à aujourd’hui, on observe que les ouvriers sont
sous-représentés à l’Assemblée Nationale que dans la population générale ;
à l’inverse les cadres supérieurs sont surreprésentés. (pas de question exigible dessus au
bac)
Il y a bien trois critères de différenciation sociale dans la
théorie de Weber et non un seul. Il y a trois ordres : économique, prestige, pouvoir. L’ordre
économique qui différencie des classes ; l’ordre du prestige qui
différencie des groupes de statut ; l’ordre du pouvoir qui différencie des
groupes de pouvoir. La structure sociale chez Weber est multidimensionnelle.
Noblesse : au XIXe siècle, la noblesse est
désargentée ; nombreux sont les aristocrates qui ont perdus leur argent
mais ont préservé leur statut. La bourgeoisie à déclassé la noblesse sur le cadre économique mais
pas dans le domaine du prestige. (Déclassement économique)
b) Les rapports entre les groupes sociaux sont des
rapports de compétitions plutôt que de conflit :
Point commun entre Weber et Marx : les rapports
entre groupes sociaux sont des rapports de domination. Mais pour Weber le
conflit entre les groupes sociaux n’a ni la même importance, ni la même nature
que chez Marx. Weber ne considère pas que le conflit soit le rapport principal
entre groupes sociaux. La deuxième différence c’est que chez Weber, les
conflits ont des objets plus variés que chez Marx. Il y a donc plusieurs lignes
de front.
c) Dernière idée, alors que Marx décrivait un
processus de polarisation, Weber laisse la question de la dynamique ouverte.
B.
Prolongements contemporains.
Les théories postérieures de Marx et Weber hérite de
leurs théories.
1. La théorie de Lloyd Warner
Associé à Weber.
Existence de classes intermédiaires ; le
prestige est un critère de différenciation dans la production. Warner considère
que l’activité économique est un critère de différenciation sociale.
2. La théorie de Pierre Bourdieu
La théorie de Pierre Bourdieu décrit la société comme
un « espace social ».
« Capital » => Marx ; Deux critères
de différenciation => Weber ; « prestige » et
« distinction » => Weber.
Empreinte à Marx la notion de capital et à Weber la
diversité des différenciations sociales. L’originalité de Bourdieu est d’attiré
l’attention sur l’importance du niveau de diplôme.
-
Quels sont les
critères de différenciation sociale (combien sont-ils) ?
-
Comment évolue
la structure sociale ?
- Quels sont les rapports entre les groupes sociaux
(nature des conflits) ?
II. La
structure sociale de la société française contemporaine.
A. Quels critères de différenciation sociale ?
1. Les outils d’analyse de la différenciation
sociale :
Étudier la structure d’une société, c’est
s’intéresser aux inégalités dans cette société.
Une inégalité c’est une répartition non-uniforme
d’une ressource socialement valorisée (ex : l’argent, les diplômes, le
prestige, l’emploi, le pouvoir, la santé). Les inégalités façonnent la
structure sociale car elles différencient et hiérarchisent les groupes sociaux.
Les inégalités sont multiples ; elles sont
multiformes. De nombreuses ressources socialement valorisées sont inégalement
réparties, en fonction de nombreux critères. Une inégalité face à quelque chose
et en fonction de quelque chose. Il y a de nombreux critères de différenciation
qui crées des inégalités.
On classe habituellement les inégalités en deux
catégories : économiques et sociales.
Inégalités économiques : inégalités face aux
revenus, face au patrimoine et face à l’emploi (chômage).
Inégalités sociales : toutes les autres =>
face à la mort, aux logements, au départ en vacances, à la santé…
C’est un classement des inégalités « face
à… ».
Les inégalités sont parfois cumulatives. Une
inégalité peut-être la cause d’une autre inégalité :
ð
les inégalités
face aux revenus engendrent des inégalités face aux loisirs.
ð
Les inégalités
de revenus peuvent engendrer des inégalités face à la santé (remboursement des
soins : mutuelles).
ð
Inégalités de
revenus => inégalités de patrimoine => inégalités de revenus.
ð
Inégalités de
revenus => inégalités d’accès aux soins => inégalités d’espérance de vie.
ð
Inégalités de K
culturel => inégalités de réussite sociale => inégalités face à l’emploi.
Les groupes dominés cumulent les désavantages et les
groupes dominants cumulent les avantages. Ex : ouvriers / cadres.
Instruments de mesure :
-
PCS ;
- Déciles.
2. Une structure sociale multidimensionnelle ?
L’activité économique est-il le seul critère de la
différenciation sociale ?
L’activité économique est un puissant facteur de
différenciation sociale. L’activité professionnelle est un critère de
différenciation fort. On observe de fortes différences de niveau de vie et de
mode de vie entre actifs et inactifs.
Également entre salariés et indépendants :
salariés => revenus stables, droits sociaux, mais position de
subordination ; indépendants => sont autonomes, mais dont les revenus
sont irréguliers et dont les droits sociaux sont moindres (différences taux de
départs en vacances).
Également entre salariés d’encadrements et salariés
d’exécution.
Également entre salariés du public et salariés du
privé : public => emplois stables mais rémunération moindre ;
privé => emplois moins stables mais rémunération plus élevées.
Également entre salariés stables et salariés
précaires : on parle ici du type de contrat de travail : CDI et CDD
=> différence de chance d’accès aux biens immobiliers.
Les inégalités sont souvent cumulatives :
-
Niveau de vie
=> mode de vie : corrélation positive taux de départ en vacances.
- Les groupes sociaux désavantagés sur l’échelle des
revenus le sont aussi dans d’autres domaines : les cadres => espérance
de vie ; taux d’accès au loisirs.


Ces critères de différenciation se regroupent, se
superposent.
Inactifs ?
L’âge, le sexe, l’origine géographique, le niveau de
diplôme façonne également les différenciation sociales.
ð
L’âge crée des différenciations sociales fortes : il
crée des différences de niveau de vie et de mode de vie.
-
L’âge a des
effets sur le niveau de vie : il y a des inégalités économiques en
fonction de l’âge : le revenu le plus bas est celui des 18-24 ans. Il s’accroît
ensuite tout au long de la carrière. Il est maximal chez les 50-64 ans. Il
décline à partir de 65 ans. Le taux de pauvreté en Franc désigne la proportion
de la population dont les revenus sont inférieurs à un certain seuil : 14%
en France ; pour les jeunes hommes c’est 20%. Le patrimoine aussi joue un
rôle dans ces inégalités liés à l’âge : plus on vieilli, plus la
probabilité d’avoir un patrimoine important est élevée.
-
L’âge
différencie les modes de vie : les jeunes ont des consommations spécifiques ;
style vestimentaire spécifique ; goûts musicaux spécifiques. Corrélation
net entre l’âge et l’utilisation des nouveaux écrans : plus on est vieux
moins on utilise les Smartphones, tablettes…plus on est jeunes moins on regarde
la télévision. On peut repérer une culture jeune, même si elle est loin d’être
homogène. L’état de santé lié à l’âge induit tout un mode de vie. Les attitudes
politiques : forte différenciation sociales en fonction de l’âge. Les deux
dernières élections présidentielles : +65 ans majoritairement à
droite ; - 25 ans très majoritairement à gauche. Cela reflète des
opinions, des valeurs et des aspirations différentes.
ð
Le sexe crée lui aussi des différenciations sociales fortes.
- On observe des inégalités économiques en fonction du sexe :
des taux d’activités inégaux (62% des hommes actifs et 52% des femmes actives
en 2010), temps partiel plus fréquent chez les femmes, rémunération salariales
moindres : en 2010, la rémunération salariales annuelle des femmes, tous
types d’emplois confondus, est inférieur à 28% à celle des hommes.
- La division sexuelle des tâches : effets puissants sur le mode
de vie. Près d’une femme sur deux est inactive alors que c’est moins de 40% des
hommes qui sont inactifs. Partage très inégal des tâches domestiques et
familiales ; les femmes sont nombreuses à cumuler un travail professionnel
et un travail domestique.
-
La PCS et l’analyse marxiste
sont aveugles sur ce point.
ð
Le niveau de diplôme crée des inégalités économiques.
- Le taux de chômage est inversement proportionnel au niveau de
diplôme.
- Le niveau de diplôme détermine le niveau de rémunération. Un niveau
de diplôme élevé permet d’accéder aux emplois les plus qualifiés, hors ce sont
les emplois les plus qualifiés qui permettent les plus hautes rémunérations.
- Le niveau de diplôme détermine l’accès à la culture : cinémas,
théâtres, musées, concerts.
- Effets sur les attitudes politiques : corrélation niveau de
diplôme => intérêt politique/ implication politique. Ex : plus on
prolonge ses études, moins on adhère à la peine de mort.
-
Rapport à la santé : les
plus diplômés sont ceux qui fument le moins, utilise plus de produits bio, vont
plus chez le médecins, plus d’inscription aux clubs de gym (« souci de
soi »).
=> L’origine géographique
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