mardi 29 avril 2014

Chapitre 4 SES

Chapitre 4 : Comment analyser la structure sociale ?

Une structure sociale c’est une différenciation sociale. Qu’est-ce qui différencie les différents groupes sociaux ? Qu’est-ce qui hiérarchise les groupes sociaux ? La structure sociale, ou stratification sociale, désigne l’ensemble des différenciations et des hiérarchies repérables dans une société donnée ; c’est l’ensemble des groupes sociaux et l’ensemble des positions sociables repérables dans une société donnée. Comment analyser la structure sociale ? Quels sont les principaux critères de différenciation qui structurent la société française contemporaine ? Quelle est la dynamique de la structure sociale ? Comment a-t-elle évolué ?

I) Les théories de la stratification sociale.

A. Deux théories : Marx et Weber.

1. Vue d’ensemble :
K. Marx (1818-1883) penseur allemand : c’est un théoricien critique du capitalisme. Il est communiste et est pour une révolution (« le manifeste du parti communiste », avec Engels, 1848 ; « le capital », tom1, 1867).
M. Weber (1864-1920) sociologue allemand : il est considéré comme l’un des pères fondateurs de la sociologie. Il s’intéresse aux conditions qui ont permit l’essor du capitalisme (« L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme », 1904-1905 ; « Économie et société », 1921).

Période qui se caractérise par un profond bouleversement des sociétés occidentales : sociétés traditionnelles => sociétés industrielles. Émergence d’un mouvement ouvrier : création de syndicats, de partis politiques…Période de révolution.
Deux théories classiques et rivales de la stratification sociales :



GROUPES SOCIAUX



CRITÈRE DE DIFFÉRENCIATION

RAPPORTS ENTRE GROUPES SOCIAUX
MARX
WEBER

CLASSES  
(bourgeoisie, prolétariat)


POSITION DANS LA PROD°
(critère de différenciation économique)


DOMINATION / LUTTE DES CLASSES : CONFLIT ÉCO

CLASSES
(groupes de statuts/ pouvoir)

PLUSIEURS CRITÈRES
(économique, prestige, pouvoir)


DOMINATION / CONFLITS MULTIPLES


2. la théorie de Marx

a) critère principal de différenciation est économique
b) la structure sociale tant à se polariser
c) les rapports entre les groupes sociaux sont marqués par un conflit principal «  une lutte des classes ».

a) critère de différenciation économique : la production de biens et de services engendre une division de la société en classe sociale, chaque système économique engendre les classes sociales* qui lui corresponde 
* ensemble d’individu qui occupe une même position dans la production, dans l’activité économique. Ex : dans l’antiquité il y avait les esclaves et les hommes libres (=classes sociales), ceux qui les différencie est leurs positions dans la production ; Un esclave fourni du travail gratuit et forcé pour un homme libre, l’homme libre ne travaille pas gratuitement.

A l’époque contemporaine, deux groupes sociaux : bourgeoisie et prolétariat (=les patrons et les ouvriers), un bourgeois est un individu propriétaire des moyens de production, ce qui possède. Un prolétaire vend son travail. Pour Marx d’un coté il y a la bourgeoisie et d’un autre le prolétariat : structure la société.

b) La structure sociale tend a se polariser : la polarisation désigne deux choses, un double processus :
- Des inégalités croissantes un écart croissant entre les classes sociales, une distance hiérarchique croissante. D ‘un coté les prolétaires avec des salaires qui restent bas, pas loin du minimum de subsistance. De l’autre des bourgeois qui s’enrichissent de plus en plus vite. Un écart croissant des revenus.
- Disparition de ses groupes intermédiaires : (ex : propriétaires fonciers et paysans parcellaires, petite bourgeoisie artisanale. Certains de ces groupes vont basculés dans le prolétariat comme les paysans parcellaires et les petits artisans). Les  groupes intermédiaires basculent dans un des deux groupes bourgeoisie ou prolétariat.

c) les groupes sociaux s’affrontent dans un conflit principal, la fameuse « lutte des classes » : divergence d’intérêt économique entre bourgeois et prolétaire qui débouche en un conflit politique généralisé.
Ca peut être décrit en 3 temps :
-       origine du conflit situation d’exploitation des prolétaires par la bourgeoisie, être propriétaire des moyens de productions donne un pouvoir considérable sur les prolétaires, un pouvoir dont la bourgeoisie abuse (abus de pouvoir économique, inégalités injustes).
-       mobilisation des deux camps : pour ré équilibrer le rapport de force, les ouvriers s’organisent et forment des coalitions ouvrières réprimées puis des syndicats, et des partis politiques qui portent des programmes de transformations sociales. La bourgeoisie elle aussi rassemble ses forces en sollicitant et en obtenant les faveurs de l’Etat. La bourgeoisie finance les dettes publiques en contrepartie d’un soutien.  Les bourgeois (= capitaliste, propriétaires des moyens de production).
-       Le changement social, la transformation de la société : ce conflit contribue a la polarisation de la société et à un changement de la société.
Un groupe social : des individus qui possèdent des caractéristiques sociologiques communes et qui éprouve un sentiment d’appartenance à un groupe.
La caractéristique commune qui rassemble les membres du groupe est le désir d’une identité commune.

3. Théorie de Weber :

Elle se démarque de celle de Marx sur trois points :
-       L’activité économique n’est pas le seul critère de différenciation social ;
-       Les rapports entre les groupes sociaux sont des rapports de compétitions plutôt que de conflit ;
-       La dynamique de la stratification sociale n’est pas nécessairement une dynamique de polarisation.

a) L’activité économique n’est pas le seul critère de différenciation social :

Comme pour Marx, Weber considère l’activité économique comme un critère de différenciation sociale. Pour Weber comme pour Marx, il existe des classes (ensemble d’individus qui occupe une même position sur l’échelle des « chances d’accès aux biens »). Pour Weber, les classes se distinguent les unes des autres par le montant de leurs revenus mais aussi pas la nature de leurs revenus. On a d’un côté ceux qui tire des revenus d’un patrimoine : les rentiers et propriétaires d’entreprises ; d’un autre, ceux qui mettent en œuvre les moyens de production : les marchands et les ouvriers.

Pour Weber, deux autres critères différencient les individus : les prestiges et le pouvoir :
Ø  Le prestige : « honneur social » ; « privilège positif ou négatif de considération social ». Ces différences de prestige repartissent les individus dans des groupes de statut. En haut de l’échelle de prestige on a des groupes sociaux qui revendiquent avec succès un prestige spécifique (ex : Aristocratie) et en bas on a les groupes sociaux stigmatisés. Groupe de statut : castes indiennes : échelle de la pureté religieuse (Brahmanes => Intouchables). Les Brahmanes ne constituent pas le groupe le plus riche de la société, mais le groupe le plus pur. Les groupes de statut sont moins nets dans les sociétés modernes : en haut les clubs de gentlemen’s/les vieilles familles et qui sont connu des autres => cultive le prestige de leur nom ; en bas les communauté d’immigration récente.
- Les groupes de statut repose sur un style de vie : ex : les normes vestimentaires auxquelles il faut se soumettre si on veut être considéré comme un gentlemen.
- Ils posent des restrictions aux relations sociales autorisées (ex) les stratégies de fréquentation ; ne fréquenter que tels individus et ne pas en fréquenter d’autres : ex : USA => seuls les habitants d’une même rue dans une ville sont considérés comme « bonnes fréquentations »/les stratégies matrimoniales : on oblige les enfants d’un certain groupe social à se marier avec un individu du même groupe social : ex : rallyes.
- Les groupes de statut confèrent des privilèges : un accès exclusif à certains biens ou à certaines opportunités : ex : droit exclusif de porter des armes => noblesse de l’ancien régime (Épées). Signe visible du prestige.
- Un groupe de statut donne à ses membres un sentiment de supériorité. C’est vrai pour les groupes en haut de l’échelle, mais aussi pour certaines groupes méprisés qui cultive une foi en leur groupe social : ex : juifs => idée du peuple élu. Forme de fierté spécifique.


Ø  Le pouvoir : tous les groupes sociaux n’ont pas les mêmes chances d’accès au pouvoir => groupes sociaux qui ont accès aux lieux de pouvoirs : ex : en Grande Bretagne, aristocratie foncière au XIXe siècle représenté par les Tories et la bourgeoisie financière par les Whigs. Certains groupes sociaux sont dotés d’un accès facile au pouvoir. D’autres groupes sociaux sont écartés du pouvoir : c’est le cas des ouvriers : ex : Grande Bretagne, il faut attendre le XXe siècle pour que le parti travailliste représente les ouvriers. Si on prolonge jusqu’à aujourd’hui, on observe que les ouvriers sont sous-représentés à l’Assemblée Nationale que dans la population générale ; à l’inverse les cadres supérieurs sont surreprésentés. (pas de question exigible dessus au bac)

Il y a bien trois critères de différenciation sociale dans la théorie de Weber et non un seul. Il y a trois ordres : économique, prestige, pouvoir. L’ordre économique qui différencie des classes ; l’ordre du prestige qui différencie des groupes de statut ; l’ordre du pouvoir qui différencie des groupes de pouvoir. La structure sociale chez Weber est multidimensionnelle.

Noblesse : au XIXe siècle, la noblesse est désargentée ; nombreux sont les aristocrates qui ont perdus leur argent mais ont préservé leur statut. La bourgeoisie à déclassé la noblesse sur le cadre économique mais pas dans le domaine du prestige. (Déclassement économique)

b) Les rapports entre les groupes sociaux sont des rapports de compétitions plutôt que de conflit :

Point commun entre Weber et Marx : les rapports entre groupes sociaux sont des rapports de domination. Mais pour Weber le conflit entre les groupes sociaux n’a ni la même importance, ni la même nature que chez Marx. Weber ne considère pas que le conflit soit le rapport principal entre groupes sociaux. La deuxième différence c’est que chez Weber, les conflits ont des objets plus variés que chez Marx. Il y a donc plusieurs lignes de front.

c) Dernière idée, alors que Marx décrivait un processus de polarisation, Weber laisse la question de la dynamique ouverte.

B. Prolongements contemporains.

Les théories postérieures de Marx et Weber hérite de leurs théories.

1. La théorie de Lloyd Warner
Associé à Weber.
Existence de classes intermédiaires ; le prestige est un critère de différenciation dans la production. Warner considère que l’activité économique est un critère de différenciation sociale.
2. La théorie de Pierre Bourdieu

La théorie de Pierre Bourdieu décrit la société comme un « espace social ».
« Capital » => Marx ; Deux critères de différenciation => Weber ; « prestige » et « distinction » => Weber.
Empreinte à Marx la notion de capital et à Weber la diversité des différenciations sociales. L’originalité de Bourdieu est d’attiré l’attention sur l’importance du niveau de diplôme.

-       Quels sont les critères de différenciation sociale (combien sont-ils) ?
-       Comment évolue la structure sociale ?
-       Quels sont les rapports entre les groupes sociaux (nature des conflits) ?

II. La structure sociale de la société française contemporaine.

A. Quels critères de différenciation sociale ?

1. Les outils d’analyse de la différenciation sociale :

Étudier la structure d’une société, c’est s’intéresser aux inégalités dans cette société.
Une inégalité c’est une répartition non-uniforme d’une ressource socialement valorisée (ex : l’argent, les diplômes, le prestige, l’emploi, le pouvoir, la santé). Les inégalités façonnent la structure sociale car elles différencient et hiérarchisent les groupes sociaux.

Les inégalités sont multiples ; elles sont multiformes. De nombreuses ressources socialement valorisées sont inégalement réparties, en fonction de nombreux critères. Une inégalité face à quelque chose et en fonction de quelque chose. Il y a de nombreux critères de différenciation qui crées des inégalités.
On classe habituellement les inégalités en deux catégories : économiques et sociales.
Inégalités économiques : inégalités face aux revenus, face au patrimoine et face à l’emploi (chômage).
Inégalités sociales : toutes les autres => face à la mort, aux logements, au départ en vacances, à la santé…
C’est un classement des inégalités « face à… ».

Les inégalités sont parfois cumulatives. Une inégalité peut-être la cause d’une autre inégalité :
ð les inégalités face aux revenus engendrent des inégalités face aux loisirs.
ð Les inégalités de revenus peuvent engendrer des inégalités face à la santé (remboursement des soins : mutuelles).
ð Inégalités de revenus => inégalités de patrimoine => inégalités de revenus.
ð Inégalités de revenus => inégalités d’accès aux soins => inégalités d’espérance de vie.
ð Inégalités de K culturel => inégalités de réussite sociale => inégalités face à l’emploi.

Les groupes dominés cumulent les désavantages et les groupes dominants cumulent les avantages. Ex : ouvriers / cadres.
Instruments de mesure :
-       PCS ;
-       Déciles.

2. Une structure sociale multidimensionnelle ?
L’activité économique est-il le seul critère de la différenciation sociale ?
L’activité économique est un puissant facteur de différenciation sociale. L’activité professionnelle est un critère de différenciation fort. On observe de fortes différences de niveau de vie et de mode de vie entre actifs et inactifs.
Également entre salariés et indépendants : salariés => revenus stables, droits sociaux, mais position de subordination ; indépendants => sont autonomes, mais dont les revenus sont irréguliers et dont les droits sociaux sont moindres (différences taux de départs en vacances).
Également entre salariés d’encadrements et salariés d’exécution.
Également entre salariés du public et salariés du privé : public => emplois stables mais rémunération moindre ; privé => emplois moins stables mais rémunération plus élevées.
Également entre salariés stables et salariés précaires : on parle ici du type de contrat de travail : CDI et CDD => différence de chance d’accès aux biens immobiliers.
Les inégalités sont souvent cumulatives :
-       Niveau de vie => mode de vie : corrélation positive taux de départ en vacances.
-       Les groupes sociaux désavantagés sur l’échelle des revenus le sont aussi dans d’autres domaines : les cadres => espérance de vie ; taux d’accès au loisirs.
Zone de texte: 2Zone de texte: 1Zone de texte: 5Zone de texte: 6Zone de texte: 6Zone de texte: 4Zone de texte: 3Ces critères de différenciation se regroupent, se superposent.






Inactifs ?












L’âge, le sexe, l’origine géographique, le niveau de diplôme façonne également les différenciation sociales.


ð L’âge crée des différenciations sociales fortes : il crée des différences de niveau de vie et de mode de vie.
-       L’âge a des effets sur le niveau de vie : il y a des inégalités économiques en fonction de l’âge : le revenu le plus bas est celui des 18-24 ans. Il s’accroît ensuite tout au long de la carrière. Il est maximal chez les 50-64 ans. Il décline à partir de 65 ans. Le taux de pauvreté en Franc désigne la proportion de la population dont les revenus sont inférieurs à un certain seuil : 14% en France ; pour les jeunes hommes c’est 20%. Le patrimoine aussi joue un rôle dans ces inégalités liés à l’âge : plus on vieilli, plus la probabilité d’avoir un patrimoine important est élevée.
-       L’âge différencie les modes de vie : les jeunes ont des consommations spécifiques ; style vestimentaire spécifique ; goûts musicaux spécifiques. Corrélation net entre l’âge et l’utilisation des nouveaux écrans : plus on est vieux moins on utilise les Smartphones, tablettes…plus on est jeunes moins on regarde la télévision. On peut repérer une culture jeune, même si elle est loin d’être homogène. L’état de santé lié à l’âge induit tout un mode de vie. Les attitudes politiques : forte différenciation sociales en fonction de l’âge. Les deux dernières élections présidentielles : +65 ans majoritairement à droite ; - 25 ans très majoritairement à gauche. Cela reflète des opinions, des valeurs et des aspirations différentes.

ð Le sexe crée lui aussi des différenciations sociales fortes.
-       On observe des inégalités économiques en fonction du sexe : des taux d’activités inégaux (62% des hommes actifs et 52% des femmes actives en 2010), temps partiel plus fréquent chez les femmes, rémunération salariales moindres : en 2010, la rémunération salariales annuelle des femmes, tous types d’emplois confondus, est inférieur à 28% à celle des hommes.
-       La division sexuelle des tâches : effets puissants sur le mode de vie. Près d’une femme sur deux est inactive alors que c’est moins de 40% des hommes qui sont inactifs. Partage très inégal des tâches domestiques et familiales ; les femmes sont nombreuses à cumuler un travail professionnel et un travail domestique.
-       La PCS et l’analyse marxiste sont aveugles sur ce point.

ð Le niveau de diplôme crée des inégalités économiques.
-       Le taux de chômage est inversement proportionnel au niveau de diplôme.
-       Le niveau de diplôme détermine le niveau de rémunération. Un niveau de diplôme élevé permet d’accéder aux emplois les plus qualifiés, hors ce sont les emplois les plus qualifiés qui permettent les plus hautes rémunérations.
-       Le niveau de diplôme détermine l’accès à la culture : cinémas, théâtres, musées, concerts.
-       Effets sur les attitudes politiques : corrélation niveau de diplôme => intérêt politique/ implication politique. Ex : plus on prolonge ses études, moins on adhère à la peine de mort.
-       Rapport à la santé : les plus diplômés sont ceux qui fument le moins, utilise plus de produits bio, vont plus chez le médecins, plus d’inscription aux clubs de gym (« souci de soi »).

=> L’origine géographique 


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