lundi 2 décembre 2013

Chapitre 3 SES

Chapitre 3 : La croissance économique est-elle compatible avec la préservation de l’environnement ?

Constat : la croissance provoque des dégâts écologiques. L’activité économique provoque quatre types de dégâts :

-Épuisement des ressources naturelles : énergies fossiles (2010, l’entreprise BP prévoyait que les réserves de pétrole soient épuisées vers 2050), ressources halieutiques (la morue), la déforestation (forêts tropicales), la disparition d’espaces animales (réduit la biodiversité).

-Les pollutions : pollution de l’air (smog urbains), pollution de l’eau (chaque jour l’humanité rejette deux millions de tonnes de déchets dans les eaux), pollution des sols (nitrates utilisés dans l’agriculture : Bretagne => algues vertes).

-Les accidents de grande ampleur : marées noires (Érika : Bretagne 1999), accidents nucléaires (Fukushima 2011).

-Changements climatiques : ils sont dues aux émissions de gaz à effets de serre (CO2). Moins de forêts = moins de captation de CO2 par les végétaux.


À quelles conditions la croissance économique peut-elle être compatible avec la préservation de l’environnement ?

Que peuvent faire les pouvoirs publics ? Comment peuvent-ils agirent pour préserver l’environnement ?



I. À quelles conditions la croissance économique est-elle soutenable ?


A. Qu’est-ce qu’une croissance soutenable ?

La croissance soutenable c’est l’autre nom du développement durable. Le développement d’une population durable : quand une génération parvient à satisfaire ses besoins sans empêcher les générations suivantes de satisfaire les leurs.
Imaginons l’exemple d’une population qui parvient à satisfaire ses besoin, mais en détruisant des ressources naturelles : elle a privé la génération suivante d’une ressource primordiale. Inversement, si pour préserver la forêt une population doit renoncer à s’enrichir, alors le développement lui non plus n’est pas durable.
Il y a une contradiction potentielle entre croissance économique et préservation de l’environnement ; entre développement des génération présente et développement des générations futures.
Soutenable = supportable.

Pour répondre à cette question les économistes proposent l’analyse suivante. Le point de départ est que pour satisfaire ses besoins une population utilise des capitaux (tout ce qui permet de produire des biens et des services, marchands ou non-marchands, nécessaires à la satisfaction d’un besoin).
La satisfaction des besoins dépend de quatre types de capitaux :

-Capital physique (K fixe) : bâtiments, machines, infrastructures, routes…C’est-à-dire des biens produits dans le passé par l’Homme et utilisé comme moyen de production.

-Capital humain : accumulation des capacités physiques et intellectuelles, d’un individu ou d’un groupe d’individus.

-Capital institutionnel : c’est l’ensemble des organisations, des normes, des valeurs, qui encadrent les activités économiques (sociales et politiques).

-Capital naturel : désigne toutes les ressources fournies par la nature et susceptibles d’engendrer un service productif. Pour satisfaire leurs besoins les Hommes utilisent un capital naturel. Il faut considérer l’environnement comme un éléments qui nous permet de produire ce dont on a besoin.
Ex : une forêt peut être considérée comme un capital, au même titre qu’une machine. Une forêt abrite des espèces animales qui vont elles aussi servir de ressources aux humains (projection d’oxygène, recyclage du CO2). C’est un service productif.

Nous satisfaisons nos besoins à l’aide de ces quatre capitaux. Ces capitaux peuvent être accumulés ou détruits ; leur quantité varie dans le temps (d’une génération à l’autre). Ces capitaux interagissent entre eux : l’accumulation d’un capital peut provoqué l’accumulation d’un autre type de capital ; ou alors peut contribuer à la diminution d’un type de capital.
Ex : Au Brésil, l’accumulation du capital physique a entrainé une accumulation du capital humain. La durée de scolarisation moyenne au Brésil passe de 3.8 années en 1990 à 6.9 années en 2008. Les dépenses publiques d’éducation ont augmentées (ce qui a permis la hausse de la scolarisation) ; elles sont du à une croissance qui vient, entre autre, de l’accumulation de capital physique (croissance endogène).
L’accumulation de capital physique peut cependant engendrer une destruction du capital naturel : la création d’une infrastructure dans la forêt Amazonienne entraîne la déforestation. En 1990, la superficie forestière au Brésil est de 575 millions d’hectares ; en 2008 elle est de 524 millions d’hectares.

La croissance est durable si chaque génération transmet à la suivante au moins autant de capital qu’elle en a reçu. Que faut-il transmettre ?

B. Quelle soutenabilité ?

Il y a deux conceptions de la soutenabilité : la soutenabilité faible et la soutenabilité forte. L’enjeu central du débat est le suivant : les différents capitaux sont-ils substituables (remplaçables) entre eux ? Peut-on compenser une diminution du stock de capital naturel par une augmentation d’un ou plusieurs autres capitaux ?
La réponse « oui » à cette question est la réponse des partisans à la soutenabilité faible ; en revanche la réponse « non » correspond à la réponse des partisans de la soutenabilité forte.

Les partisans de la soutenabilité faible estiment que le capital naturel est un capital comme un autre. Leur idée centrale est que l’on peut admettre la diminution ce stock de capital naturel, si elle est compensée par une augmentation de la quantité des autres capitaux.
Ex : Brésil => on peut admettre une destruction partielle du foret amazonienne, si elle contribue à une accumulation de capital physique et de capital humain. Si l’augmentation du capital physique et du capital humain est supérieure à la destruction du capital naturel, alors la croissance est soutenable (selon les partisans de la soutenabilité faible).
Ce qui compte n’est alors pas que la quantité de chaque capital soit préservée, c’est que la quantité totale de capital soit préservée.
Autre argument : la croissance détruit du capital naturel mais la croissance permet dans le même temps de financer les innovations qui vont permettre, à terme, soit de remplacer une ressource par une autre, soit de mettre en œuvre des technologies moins consommatrices.
Ex : remplacer l ‘énergie fournie par le pétrole, par l’énergie fourni par le soleil.
Au Etats-Unis, en 1990, on émettait 15.5 tonnes de CO2 par habitant. 20 ans, plus tard, en 2009, 13.5 tonnes par habitant.

Les partisans de la soutenabilité forte ont trois objections.
- D’abord il y a un problème de mesure : comment mesurer le capital naturel par rapport au capital physique et humain ? Quelle valeur monétaire donné au capital naturel ? Il y a des techniques pour mesurer la valeur estimée du capital naturel ; ce sont toujours des approximations.
Ex : on peut mesurer la déforestation de la forêt brésilienne. Mais à quelle somme correspond cette surface ?
- Ensuite il y a des incertitudes : on ne sait pas tout à propos du capital naturel, des services qu’il est susceptible de nous rendre et des pertes que sa destruction engendrait.
- Certains services fournis par le capital naturel sont irremplaçables. En effet on de pourra pas se passer d’un climat stable, d’eau ou d’un air respirable par exemple.
Ainsi, les partisans de la soutenabilité forte estiment qu’il faut maintenir intact le capital naturel.

II. Quels instruments pour les politiques environnementales ?

Une politique environnementale c’est une politique économique qui vise à réduire voire à annuler les dégâts écologiques d’une activité économique. Les pouvoirs publics doivent agir ; l’inaction n’est plus possible. Les pouvoirs publics ont à leur disposition un certain nombre d’instruments.

A. Quels sont les instruments disponibles ?

Il y a trois instruments : les taxes, les normes et les marchés de droits.

1. Un même objectif : corriger une défaillance de marché

Le réchauffement climatique c’est le résultat de la croissance économique qui a accrue l’émission de CO2. Cela a renforcé l’effet de serre qui a pour conséquences un réchauffement et des perturbations climatiques.
Le GIEC fourni des données sur l’évolution du climat. D’après lui on observe une augmentation de 0.6 degré entre le début et la fin du XXe siècle. Les prévisions pour le XXI : ce mouvement va se poursuivre et on assistera à une augmentation qui sera comprise entre 1.8 degré et 4 degrés.
Cela engendre une série de phénomènes critiques, négatifs. Le réchauffement climatique va avoir des effets écologiques mais aussi économiques.
D’abord il aura comme conséquence d’accroître la fréquence et la violence des catastrophes naturelles (incendies, ouragans, inondations, ras-de-marées) => destruction de capitaux naturels et physiques.
Ensuite, la progression des zones arides voire désertiques => une Espagne qui pourrait devenir quasiment désertique. Diminution des terres cultivables, baisse des récoltes agricoles.
La fonte de la calotte glacière. Cela entraîne une montée des eaux. Le GIEC prévoit une élévation de 60 cm du niveau des mers, à la fin du siècle => destruction de capital.
Des dégâts considérables sont à prévoir.

Ne pas intervenir couterait de 5 à 20 % du PIB mondial chaque année. On parle de plusieurs millions de milliards de dollars chaque année. (Voir pages 182 et 183 du manuel).

D’un point de vue économique le réchauffement climatique est le résultat d’une défaillance de marché.
Une défaillance de marché, c’est une situation où la régulation spontanée des activités économiques par les mécanismes du marché (offre, demande, prix) ne fonctionnent plus.
Dans quelles circonstances y’a-t-il défaillance de marché ?
-       Quand on est face à des biens communs : c’est un bien qui n’a pas de propriétaire individuel et dont l’utilisation n’a pas de prix (ex : un pâturage collectif). « la tragédie des biens communs » Harding ; ainsi tous les biens sans propriétaires privés et qui ne sont pas couteux pour leurs utilisateurs sont exposés à la destruction parce qu’il sont à la fois utiles et gratuits => utilisation sans précautions et sans limites jusqu’à sa destruction. Les bergers cherchent à maximiser leurs profits ; ils vont utiliser ce pâturage jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus. Les entreprises qui rejettent du CO2 utilisent l’atmosphère comme un bien commun.
-       Le marché n’est plus capable ne réguler son activité en cas d’externalités négatives : lorsque des agents économiques infligent des dommages, donc des coûts à d’autres agents économiques sans compensations monétaires (Ex : locomotives à vapeur dans les pleines du Western => incendies dut aux charbons incandescents).
Les défaillances de marché rendent la croissance insoutenable.

Les économistes cherchent à proposer aux pouvoirs publics des instruments pour corriger les défaillances de marché. Dès lors qu’il y a défaillance de marché, il faut que les pouvoirs publics interviennent.

2) Trois instruments pour y parvenir : réglementations (normes) ; taxes ; marchés de quotas d’émission (marchés de droits à polluer).

- Deux types d’instruments possibles : ceux qui reposent sur la contrainte et ceux qui repose sur l’incitation. On peut chercher à contraindre les agents économiques, en leur imposant un comportement souhaité, par une loi ou un règlement uniforme. Les pouvoirs publics ont une première solution pour agir contre les émissions de CO2, ils peuvent instaurer des normes ou des réglementations.
On peut également inciter les agents économiques à suivre un comportement souhaité. Pour inciter il faut créer un prix de l’émission de CO2. On crée un intérêt à ne pas polluer.

Normes :
Principe général : les pouvoirs publics mettent en place des obligations et/ou des interdictions, à sortie de sanctions en cas de transgressions de la norme ou de la règle.
Modalités : normes d’émissions, normes de procédés, normes de produits.

Les normes de produits : les pouvoirs publics imposent aux producteurs de produire des biens respectant certaines caractéristiques. (Ex : les normes imposées aux productions automobiles => depuis 2012 les industriels de l’automobile en Europe doivent produire des véhicules qui n’émettent pas plus de 130 g de CO2/ kilomètres)/ (En 2008 les États de l’Union Européenne ont retirés progressivement les lampes à incandescence car elles consomment trop d’énergie). Dans le domaine des politiques climatiques, ce sont essentiellement des normes de produits qui ont été utilisées par les pouvoirs publics.

Les normes de procédés : il s’agit là encore de contraintes. Ce n’est pas sur le produit que l’on impose des contraintes mais c’est sur la manière de produire. Les pouvoirs publics imposent aux entreprises une manière de produire, au nom de l’environnement. (Ex : dans l’industrie du bâtiment, les peintures au plomb ont été interdites en 1948, ce qui impose directement au producteur une manière de produire).

Les normes d’émissions (normes de rejet) : On impose une limite/ un seuil à la production. (Ex : en France, un éleveur laitier ne doit pas dépasser un certain seuil d’émission d’azote par vache).

Taxes :
C’est un instrument qui repose sur l’incitation. L’émission de CO2 est soumise à une taxe (un impôt) proportionnel aux quantités émises. Il s’agit bien qu’une incitation car l’émetteur choisi entre continuer d’émettre du CO2 et donc de payer une taxe, soit il change sa manière de produire pour réduire ses émissions et ne plus payer ou payer moins la taxe.
Modalités : On rend l’émission de CO2 couteuse pour l’émetteur, ce qui l’incite sans l’y obliger à réduire ses émissions. La taxe va amener chaque producteur à comparer deux coûts : le coût de la taxe et ceux que lui coûterait une réduction de ses émissions de CO2. Certaines entreprises vont décider d’investir dans des technologies moins polluantes afin de minimiser le coût de la taxe. D’autres entreprises préfèreront payer la taxe sans réduire les émissions de CO2.
Premier effet d’une taxe : réduction des émissions de CO2 ; le deuxième effet d’une taxe, c’est que ça supprime les externalités négatives. La taxe carbone est une taxe appliquée aux ménages (100e par tonne de CO2 émis). En Suède entre 1990 et 2007, les émissions de CO2 ont été réduites de 9%. L’écotaxe : dans certains pays européens les transporteurs routiers ont une taxe proportionnel à leur distance parcouru.




Marchés de droits à polluer :
Il s’agit de rendre les émissions couteuse et donc d’inciter les agents économiques à réduire leurs émissions de CO2. Le marché de droits à polluer, c’est un dispositif qui fonctionne en quatre temps :
- d’abord les pouvoirs publics décident d’un seuil d’émission ;
- les pouvoirs publics distribuent des quotas d’émissions aux entreprises pollueuses ;
On ne peut polluer qu’en proportion du nombre de droits à polluer dont on dispose.
- ces droits à polluer sont échangeables ; les entreprises peuvent vendre et acheter ces droits à polluer. Il y alors un mécanisme d’offre, de demande et de prix. L’offre vient des entreprises qui ont réduits leurs émissions de CO2. Polluer devient coûteux ; réduire ses émissions devient bénéfique. Ce genre de marché est efficace lorsque le prix augmente.
Le volume global des émissions de CO2 diminue et les externalités négatives sont internalisés.
Les entreprises concernées par ce marché de biens à polluer faisaient parti du secteur de l’énergie, la sidérurgie, ciment, verre, papier. Le prix de la tonne de CO2 est resté bas et a baissé (20-30 euros la tonne en 2004 / prix actuel 10 euros => OCDE estime à 100 euros le prix nécessaire de la tonne). Si ce prix baisse c’est que l’offre de marché est supérieure à la demande.

B. Quel instrument choisir ?

Contrainte ou incitation ?

1) Avantages des incitations

Les instruments incitatifs ont un certain nombre d’avantage par rapport aux normes.
ð Limites des normes :
- Elles frappent indistinctement et uniformément les agents économiques, sans tenir compte de leurs difficultés plus ou moins grandes à réduire leurs émissions. (Ex : une PME doit se soumettre à une même norme qu’une grande entreprise, alors qu’il est plus facile pour la grande entreprise de respecter la norme).
- Les normes n’incitent pas à dépolluer et à réduire les émissions au delà du seuil. (Ex : si les entreprises ne doivent pas émettre plus de 750 t/an ; une fois qu’elle aura atteint le niveau réglementaire, rien ne l’incite à réduire d’avantage ses émissions).

Les avantages des incitations :
-       Une incitation laisse le choix aux agents économiques : c’est le principe de base de l’incitation. Alors elles répartissent mieux l’effort : elles laissent la possibilité aux agents économiques pour qui des modifications de leurs manières de produire seraient trop coûteuse, la possibilité ou non de les faire. Les entreprises qui ont la possibilité de suivre ces incitations sont poussées à aller toujours plus loin pour diminuer leurs dépenses.
-       Les incitations permettent d’atteindre le même résultat écologique à un coup économique moindre pour les entreprises. Cela est bon pour leur capacité à investir, leur compétitivité => croissance (voir chapitre 1).
-       Il y a un avantage spécifique des taxes : elles fournissent des recettes fiscales supplémentaires. Cela peut être utile pour réparer les dégâts écologiques, causés par l’activité économique (ex : écotaxe => financer les travaux de réseaux routiers et la création de réseaux ferroviaires).
2) Avantages des normes

ð Limites des incitations :
-       Ce sont des politiques qui nécessitent beaucoup d’informations. Pour fixer le bon montant d’une taxe, il faut connaître les coûts de réduction des émissions des entreprises ; hors cette information n’est pas facile à établir.
Pour fixer la quantité de quotas d’émissions fournies aux entreprises, il faut connaître leur volume d’émission.
Les incitations supposent des données précises ; des erreurs sont facilement réalisables. (Ex : il y a eu une erreur des expert, au moment de la création de ce marché ; c’est une des explication de la diminution du prix de la tonne de CO2).
-       Ces politiques supposent des institutions publiques efficaces et des politiques solides (collecter l’information nécessaire, mettre en œuvre puis contrôler).

Les avantages des normes :
-       Ne nécessite pas autant d’informations ; donc plus simple à mettre en œuvre.
-       La norme est plus efficace dans le cas des pollutions et des dégâts écologiques qui sont particulièrement dangereux et irréversibles.

3) Des instruments complémentaires

Ils sont complémentaires parce que les avantages des uns sont les inconvénients des autres. On a une gamme d’instruments qui se compensent : on peut alors combiner les instruments.
En Europe, il y a un marché de droit à polluer depuis Kyoto, mais aussi des normes (produits industrie automobile) et puis des taxes (taxe carbone ; écotaxe). Les combinaison d’instruments fonctionne plutôt bien. L’Europe a réussi à réduire ses émissions de CO2.

CONCLUSION GÉNÉRALE :
-       développement durable = croissance soutenable = transmission de différents capitaux entre génération.
-       soutenabilité faible/ soutenabilité forte : le débat porte sur le caractère substituable ou non des différents capitaux. Peut-on admettre la dégradation du capital naturel si elle est compensée par l’augmentation d’un autre type de capital. Oui => soutenabilité faible (épargne nette ajustée>0)/ Non => soutenabilité forte (empreinte écologique inférieure au seuil).
-       Trois instruments de politique climatique : typologie et fonctionnement ; contrainte/ incitation. Taxe => fixé par l’État ; marché de quotas d’émissions => marché o/d. Normes = contrainte.
-       Les avantages et les inconvénients respectifs des différents instruments.



lundi 11 novembre 2013

Chapitre 2 SES

Chapitre 2 : Comment expliquer l’instabilité de la croissance ?

INTRODUCTION :
La production en France a augmenté à long terme : c’est la croissance économique. (cf. ch1) On observe qu’à cours terme la croissance fluctue (accélération, récessions...). La croissance n’est pas linéaire, elle est irrégulière, instable.

OBJECTIFS : Comprendre les facteurs qui font varier la croissance économique.

-       Décrire les fluctuations ;
-       Conséquence de ces fluctuations.

I- Constat : la croissance est instable.

A) Les fluctuations de la croissance…

Instable : marqué par d’importantes fluctuations.

Fluctuations : variations du taux de croissance annuel du PIB, à court terme.

Schéma 1


Expansion =phase d’accélération de la croissance : la production augmente de plus en plus vite.
Ralentissement = situation de diminution du taux de croissance => production augmente moins vite.
Récession = taux de croissance du PIB < 0. Elle suit une situation de ralentissement de la croissance.
Reprise = le taux de croissance devenu < 0 durant la récession redevient > 0.

On appelle parfois dépression une récession sévère, qui dure.

Exemple empirique tiré du document 2 :

-expansion : 1983 => 1986 ; passage de +2% à +5%.
-ralentissement : 1988 => 1991 ; passage de +5% à +1%.
-récession : 2008 => 2011 ; passage de 0% à -3%.
-reprise : 1975 => 1977 ; passage de -1% à 5%.

On appelle cycle la succession d’une séquence d’expansion, ralentissement, récession et reprise. (On revient au point de départ)



MÉTHODE :
1)    NE PAS EXPLIQUER : DÉCRIRE
2)    JE CHIFFRE CE QUE J’OBSERVE


B) … peuvent avoir des conséquences négatives.

1- Les conséquences d’une récession :

Une récession est une diminution de la production (ex : Grande Dépression / Crise des Subprimes) => le taux de croissance du PIB est négatif.

Conséquences des récessions :

-       Aggravation du chômage : le travail est un facteur de production ; si les entreprises produisent moins elles ont donc moins besoin de travail, elles embauchent moins ou elles licencient. Cela détruit des emplois et aggrave le chômage.

-       Diminution des revenus : les revenus proviennent de la production ; aussi bien ceux du travail, que ceux du patrimoine. Les revenus primaires sont la rémunération d’une participation à la production (ex : un individu qui reçoit un salaire, le reçoit parce qu’il a contribué à la production par le travail qu’il a fourni à l’entreprise / Un individu qui reçoit un dividende, le reçoit parce qu’il a apporté du capital à une entreprise).

-       Baisse des profits : profits = chiffre d’affaire – coûts de production. En situation de récession les profits des entreprises diminuent car le chiffre d’affaire diminue.

-       Baisse des recettes fiscales : (sommes que l’État collecte par l’intermédiaire des prélèvements obligatoires : prélevés sur les revenus primaires, sur les profits des entreprises). => Si il y a baisse des revenus et baisse des profits, il y a baisse des recettes fiscales. Si il y a baisse des recettes fiscales, l’État va soit diminuer les dépenses publiques pour éviter un déficit public, soit s’endetter pour financer un déficit public.


Illustration Empirique (cf. doc 3) :

Q1) En France entre 2010 et 2011, le PIB a augmenté de 2% (en volume).

En France, en 2011, 22% des actifs de 15 à 24 ans sont au chômage.

En 2011, en France, le déficit public représente 5 % du PIB.


Une corrélation : - positive => quand A s’élève B s’élève ; quand A diminue B diminue.
  - négative => quand A augmente B diminue (a contrario).


Quand le taux de croissance augmente, le déficit public diminue. Il y a une corrélation négative entre taux de croissance et déficit public.
Les recettes fiscales augmentent et certaines dépenses publiques diminuent. Inversement quand le taux de variation du PIB diminue, les déficits publics augmentent.
Quand le taux de croissance augmente, le taux de chômage diminue => et inversement. En période d’expansion le chômage recule ; en période de ralentissement le chômage avance => corrélation négative.
2- Les conséquences d’une « surchauffe » :

Les phases d’expansion peuvent elles aussi avoir des conséquences négatives. Elles peuvent entrainer une « surchauffe ». Une augmentation excessive de la production engendre de l’inflation.

Illustration (cf. doc 4) :

Pendant l’expansion des 30 Glorieuses => accélération de l’inflation => situation de surchauffe.
Une phase d’expansion peut créer de l’inflation : c’est une situation durant laquelle les entreprises accroissent leur production ; pour produire plus elles ont besoin de plus de facteurs de production ; si c’est facteurs de production (L et K) ne sont pas suffisamment abondants, la demande de travail augmente, la demande de matière première augmente, la demande de machine augmente. => Le prix des facteurs augmente ; donc les coûts des entreprises s’élèvent. Pour préserver leurs profits les entreprises augmentent leur prix de vente.
Une expansion peut engendrer de l’inflation si les facteurs de production ne sont pas disponibles en abondance. Pendant les 30 Glorieuses, le taux de chômage est faible.
Les effets négatifs de l’inflation sont multiples :
-       Si les revenus n’augmentent pas aussi vite que les prix le pouvoir d’achat des ménages diminue : les ménages s’appauvrissent.
-       Si les prix augmentent dans un pays mais pas dans les autres, la compétitivité des prix diminue.

II- Explications : plusieurs facteurs qui sont susceptibles de faire fluctuer la croissance économique.

A) Les fluctuations de la croissance peuvent être provoquées par des chocs de demande.

Choc de demande : désigne tout évènement ayant pour conséquence une variation soudaine de la demande globale, elle même entrainant une variation de la production.

Demande globale : désigne la quantité totale de biens et de services achetée par les agents économiques sur une période donnée et sur un territoire précis. Elle regroupe trois opérations économiques :
-       la consommation : quantité de biens et services achetée par les ménages pour satisfaire leurs besoins ; (Demande intérieure)
-       l’investissement : le montant total des achat de capital fixe, réalisé en un an, pour l’essentiel par les entreprises ; (Demande intérieure)
-       les exportations : les marchandises produites par les entreprises peuvent être vendues à des ménages, à des entreprises locales, où encore vendues à des agents économiques du reste du monde. (Demande extérieure)

NB : on distingue parfois une autre composante de la demande globale ;
ð  La demande publique : c’est-à-dire les achats de biens et de services faits par une administration publique.

La demande globale est susceptible de varier d’une année à l’autre. Un choc de demande est un événement qui fait varier la demande pour une autre raison que celle du prix.

On distingue deux types de choc de demande :
·      Les chocs de demande négatifs : c’est n’importe quel événement autre qu’une variation prix qui réduit la consommation des ménages, et/ou l’investissement, et/ou l’exportation.

Comment expliquer le ralentissement de la croissance chinoise après 2008 ?
En 2008 et 2009, on retrouve un récession sévère en Europe et aux Etats-Unis : le pouvoir d’achat est réduit alors  => l’importation de produit chinois ralenti => la croissance chinoise ralentie également.

Des politiques d’austérité peuvent engendrer des chocs de demande négatifs. Alors que la production semble être reparti à la hausse après 2009, la croissance ralenti de nouveau : suite logique d’une politique d’austérité menée en Europe => les États diminuent leurs dépenses pour réduire leur déficits et réduire leurs dettes. Les États achètent alors moins de biens et de services aux entreprises.

·      Les chocs de demande positifs : c’est tout événement qui fait varier à la hausse sur un ou deux ou trois des facteurs de la demande globale.

Ex : le gouvernement chinois autorise les entreprises à exporter.
Conséquence : les entreprises chinoises entrent sur de nouveaux marchés ; les exportations augmentent fortement (elles explosent) : entre 1988 et 2008, les exportations chinoises sont multipliées par 30. Le Pib chinois est multiplié par 10.

Une politique de relance à précisément pour but de créer un choc de demande positif : stimuler la demande globale en augmentant les dépenses publiques.
Ex : le New-Deal de Roosevelt dans les année 1930.























TD (vendredi 11 octobre) :

PIB + M + DELTA S = C + I + X

Dépense de consommation finale = consommation (C)
FBCF = investissement (I)
Exportations (X)
Importations (M)
Variation de stocks (delta S)

En France entre 2010 et 2011, le PIB a augmenté de 1.7%. C’est une fluctuation de la croissance. C’est une phase de reprise car en 2009, la France est en période de récession. Les cinq premières lignes expliquent la contribution de chacun de ces éléments par rapport à la dernière. L’augmentation de la consommation a contribué à 0.2 points de la croissance du PIB entre 2010 et 2011. Lorsque l’on est face à un chiffre positif, cela veut dire que le phénomène a fait augmenter le PIB ; au contraire, si il est négatif, le phénomène fait freiner l’augmentation du PIB. Évidemment, les deux mécanismes ce combine. L’augmentation des importations a réduit l’augmentation du PIB. Un signe - dans le tableau ne signifie pas une diminution du phénomène (- sur la ligne des importations signifie une augmentation,               + signifie une diminution). Quand les importations diminuent, c’est souvent synonyme de crise.
Entre 2008 et 2009, la diminution des stocks explique 1.2 points de la diminution du PIB.


Suite cours :

C-) Les fluctuations de la croissance peuvent être provoquées par le «cycle du crédit ».

Idée générale : les activités financières ont un effet sur la production de biens et de services. Les économistes distinguent deux univers économiques : la sphère financière (banques, compagnies d’assurance, marchés financiers) ; la sphère réelle (production de biens et de services).
-théorie du cycle du crédit : les récessions sont aggravées par le comportement des banques. C’est une suite d’étapes (4) :

ð  Phase d’expansion économique : les anticipations des agents économiques sont optimistes. Dans ces phases d’optimisme, les agents économiques s’endettent (entreprises : investissent ; les ménages : consomment). Cela stimule la croissance car la demande augmente. C’est un cercle vertueux : augmentation de la production, optimisme, augmentation de la demande.

ð  Cet optimisme peut mener à des comportements financiers imprudents. Des comportements de prêts imprudents ; dans ces phases d’optimisme les banque prêtent à des agents économiques qui ne sont pas solvables (elles sous-estiment les risques). Ceux empreintes sont également imprudents : on voit apparaître des comportements spéculatifs => on empreinte plus seulement pour investir mais également pour revendre à un prix plus élevé plus tard. (Ex : Sub Primes). L’endettement augmente trop. Une bulle de crédit se forme. Cette situation peut-être alimenté par les banques centrales.
ð  L’éclatement de la bulle : on passe d’une situation où on prêtait sans précautions, à une situation ou on ne veut plus prêter ; d’une situation ou ceux qui ont empreinte ne peuvent plus rembourser leur dettes et où ceux qui prêtent ce mettent à douter de la solvabilité des emprunteurs. « Crédit de Crunch » = éclatement d’une bulle de crédit = restriction du crédit.

ð  Cette crise financière s’étend à l’économie réelle par le canal de la demande. La restriction du crédit limite la consommation et surtout l’investissement de l’entreprise. Si la demande s’effondre, la production va chuter. On entre alors en récession. (Récession de 1929 et récession de 2008/2009).


-Exemple : les crises de 1929 et de 2008/2009 s’expliquent par les mécanismes du « cycle du crédit ».